[...]
1. La parade nuptiale.
Lorsque vient la période des amours, les humains se livrent à leur parade nuptiale. Contrairement au paon, que nous connaissons tous, ce n'est pas le mâle mais la femelle qui affiche des couleurs fluorescentes et déploie ses atouts. Comme les humains ne sont pas dotés de plumes, ni de crête, ni de jabot gonflant, elles enfilent des morceaux de tissu bariolés qui attirent l'attention des mâles.
Chose curieuse, les femelles couvrent strictement certaines zones de leur corps et en dévoilent abondamment d'autres. Pour augmenter leur pouvoir attractif, elles enduisent leur bouche de graisse de baleine et garnissent de poudre de charbon leurs paupières. Enfin elles s'aspergent de parfums subtilisés aux glandes sexuelles d'autres animaux terriens, comme le bouquetin des montagnes dont elles extraient le musc. Elles volent même les glandes sexuelles des fleurs pour obtenir des odeurs de patchouli, de lavande ou de rose.
En période de chaleur, le mâle, pour sa part, émet plein de bruits avec sa bouche, sortes de roucoulements qu'il peut accompagner en tapant sur des peaux tendues - phénomène qu'ils appellent : "musique". Ce comportement semblable à celui du grillon champêtre ne porte pas toujours ses fruits. Alors, selon le groupe auquel il appartient, le mâle peut se livrer à sa parade en recouvrant de graisse de porc ses cheveux (gomina), ou bien en gonflant son porte-monnaie comme un jabot. Cette dernière forme de parade s'avère la plus efficace.
2. La rencontre.
Les humains mâles et femelles se rencontrent dans des endroits spécialement conçus à cet effet : les "boîtes de nuit", lieux sombres et bruyants. Sombres pour que le mâle ne puisse pas distinguer clairement le physique de la femelle (il ne sent que son odeur de patchouli, de musc ou de rose). Bruyants pour que les femmes ne puissent pas distinguer clairement les propos du mâle. Avec la main, elle tâte simplement son jabot-porte-monnaie plus ou moins gonflé.
3. La reproduction.
Comment se passe la reproduction des humains sauvages ? Des observations in vitro ont permis d'en résoudre le mystère. Le mâle s'emboîte dans la femelle grâce à un petit appendice dont la taille correspond exactement à celle du receptacle chez la femelle. Lorsque l'emboîtement est bien arrimé, ils remuent jusqu'à ce que la semence du mâle soit libérée.
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5. Le nid.
Construit en béton armé, ils le recouvrent de mousse et de fibres tressées pour que les parois soient moins blessantes. Ils accumulent à l'intérieur toutes sortes d'objets cubiques qui produisent du bruit ou de la lumière. Dans leurs nids, les humains s'agitent en entrant puis se stabilisent dans des fauteils, et là, ils se mettent à gazouiller.
Le premier acte du mâle humain en rentrant chez lui est d'uriner, probablement pour déposer ses phéromones, celui de la femelle est de manger du chocolat.
6. Les rituels humains.
Sur Terre les humains ont des rituels exotiques. Dès les périodes estivales, ils migrent vers les zones chaudes. Cette migration s'effectue très lentement. Ils s'enferment dans les receptacles métalliques et restent de longues heures à avancer au pas. (Expérience de Wurms : si on laisse un mâle humain dans une voiture un certain temps, il en ressort le visage couvert de poils.) Autre rituel : tous les soirs, ils allument une boîte qui émet une lumière bleue et passent plusieurs heures à la fixer dans une immobilité totale. Ce comportement curieux est actuellement étudié par nos chercheurs. Il semblerait que, comme les papillons, les humains soient fascinés par cette lumière.
Enfin, le rituel le plus étrange est peut-être celui qui les pousse à s'enfermer tous les jours à plus de mille dans une rame de métro sans oxygène et sans aucune possibilité de se mouvoir.
7. La guerre.
Les humains aiment se tuer entre eux. (Expérience de Glark : mettez soixante humains dans un pot et cessez de les alimenter, ils finissent par s'entretuer avec une férocité déconcertante.) De loin on peut repérer leurs champs de bataille aux détonations at aux crépitements caractéristiques de leurs armes de métal.
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Apprenons à les aimer - Bernard Werber.
1. La parade nuptiale.
Lorsque vient la période des amours, les humains se livrent à leur parade nuptiale. Contrairement au paon, que nous connaissons tous, ce n'est pas le mâle mais la femelle qui affiche des couleurs fluorescentes et déploie ses atouts. Comme les humains ne sont pas dotés de plumes, ni de crête, ni de jabot gonflant, elles enfilent des morceaux de tissu bariolés qui attirent l'attention des mâles.
Chose curieuse, les femelles couvrent strictement certaines zones de leur corps et en dévoilent abondamment d'autres. Pour augmenter leur pouvoir attractif, elles enduisent leur bouche de graisse de baleine et garnissent de poudre de charbon leurs paupières. Enfin elles s'aspergent de parfums subtilisés aux glandes sexuelles d'autres animaux terriens, comme le bouquetin des montagnes dont elles extraient le musc. Elles volent même les glandes sexuelles des fleurs pour obtenir des odeurs de patchouli, de lavande ou de rose.
En période de chaleur, le mâle, pour sa part, émet plein de bruits avec sa bouche, sortes de roucoulements qu'il peut accompagner en tapant sur des peaux tendues - phénomène qu'ils appellent : "musique". Ce comportement semblable à celui du grillon champêtre ne porte pas toujours ses fruits. Alors, selon le groupe auquel il appartient, le mâle peut se livrer à sa parade en recouvrant de graisse de porc ses cheveux (gomina), ou bien en gonflant son porte-monnaie comme un jabot. Cette dernière forme de parade s'avère la plus efficace.
2. La rencontre.
Les humains mâles et femelles se rencontrent dans des endroits spécialement conçus à cet effet : les "boîtes de nuit", lieux sombres et bruyants. Sombres pour que le mâle ne puisse pas distinguer clairement le physique de la femelle (il ne sent que son odeur de patchouli, de musc ou de rose). Bruyants pour que les femmes ne puissent pas distinguer clairement les propos du mâle. Avec la main, elle tâte simplement son jabot-porte-monnaie plus ou moins gonflé.
3. La reproduction.
Comment se passe la reproduction des humains sauvages ? Des observations in vitro ont permis d'en résoudre le mystère. Le mâle s'emboîte dans la femelle grâce à un petit appendice dont la taille correspond exactement à celle du receptacle chez la femelle. Lorsque l'emboîtement est bien arrimé, ils remuent jusqu'à ce que la semence du mâle soit libérée.
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5. Le nid.
Construit en béton armé, ils le recouvrent de mousse et de fibres tressées pour que les parois soient moins blessantes. Ils accumulent à l'intérieur toutes sortes d'objets cubiques qui produisent du bruit ou de la lumière. Dans leurs nids, les humains s'agitent en entrant puis se stabilisent dans des fauteils, et là, ils se mettent à gazouiller.
Le premier acte du mâle humain en rentrant chez lui est d'uriner, probablement pour déposer ses phéromones, celui de la femelle est de manger du chocolat.
6. Les rituels humains.
Sur Terre les humains ont des rituels exotiques. Dès les périodes estivales, ils migrent vers les zones chaudes. Cette migration s'effectue très lentement. Ils s'enferment dans les receptacles métalliques et restent de longues heures à avancer au pas. (Expérience de Wurms : si on laisse un mâle humain dans une voiture un certain temps, il en ressort le visage couvert de poils.) Autre rituel : tous les soirs, ils allument une boîte qui émet une lumière bleue et passent plusieurs heures à la fixer dans une immobilité totale. Ce comportement curieux est actuellement étudié par nos chercheurs. Il semblerait que, comme les papillons, les humains soient fascinés par cette lumière.
Enfin, le rituel le plus étrange est peut-être celui qui les pousse à s'enfermer tous les jours à plus de mille dans une rame de métro sans oxygène et sans aucune possibilité de se mouvoir.
7. La guerre.
Les humains aiment se tuer entre eux. (Expérience de Glark : mettez soixante humains dans un pot et cessez de les alimenter, ils finissent par s'entretuer avec une férocité déconcertante.) De loin on peut repérer leurs champs de bataille aux détonations at aux crépitements caractéristiques de leurs armes de métal.
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Apprenons à les aimer - Bernard Werber.